Campus Mondial de la Mer

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      • La féminisation des métiers maritimes en bonne voie

      • Capitaine de la marine marchande, soudeuse, ingénieure, hydrographe… Contrairement à certaines idées reçues, l’ensemble des métiers maritimes est aujourd’hui accessible aux hommes comme aux femmes, et la filière se mobilise pour le faire savoir. Explications.
      • Eloïse Le Bras, bioligiste et marin de Blue Observer ©Blue Observer

        La filière maritime se mobilise pour embarquer davantage de femmes

        Alors que la filière maritime ne comptait encore que 21,2 % de femmes dans ses effectifs en 2021 (1), ses acteurs se mobilisent pour attirer les talents féminins. Construction et réparation navale, maintenance nautique, énergies marines, industries off-shore… “Dans la filière navale, la proportion de femmes est aux alentours de 24%”, retrace Lénaïg Ségalen, la présidente du Campus des industries navales (CINav), installé à Brest et qui regroupe 23 partenaires publics et privés. Un chiffre encore bien trop bas, mais qui cache des disparités qui commencent à s’estomper selon les métiers. “On n’est pas loin de l’égalité dans les postes d’ingénieurs, mais on chute à 6% dans les postes de production”, constate celle qui œuvre au quotidien pour casser certains clichés et créer des vocations.


        Mettre en lumière des parcours féminins pour susciter des vocations

        “Bien souvent, les femmes n’imaginent tout simplement pas qu’elles peuvent accéder à l’ensemble des métiers, depuis les postes de production jusqu’à la R&D. La filière souffre encore d’une image galvaudée, alors qu’on est de nos jours sur de l’industrie Hi-tech, avec une pénibilité du travail bien moindre que par le passé”, analyse Lénaïg Ségalen.
        Pour tenter d’y remédier, le CINav a récemment signé un contrat d’engagement avec l’État visant à augmenter significativement la part de femmes dans les effectifs. “Nous avons d’ores et déjà mené un certain nombre d’actions, comme par exemple la soixantaine de collégiennes que nous avons invitées sur notre navire des métiers pour susciter des vocations. Ou encore le plateau télé que nous avons organisé fin juin afin de faire témoigner des femmes qui travaillent dans la filière, à l’image d’une ancienne diplômée de l’école du Louvre qui s’épanouit aujourd’hui en tant que soudeuse chez Naval Group”
        , détaille Lénaïc Ségalen.

        Bleuenn Guégen (Pôle Spectrométrie Ocean) et Sidonie Révillon (Sedisor)

        Des métiers accessibles à toutes, de la production à la recherche

        Également basé à Brest, le Shom (l’opérateur public pour l'information géographique maritime et littorale de référence) se mobilise lui aussi pour créer des vocations féminines. Hydrographes, océanographes, data scientist, cartographes, géomaticiennes… “Nous venons notamment d’organiser une visite pour faire découvrir nos métiers à deux groupes de collégiennes afin de leur donner envie de s’engager dans nos filières scientifiques”, illustre Bénédicte Ezvan-André, cheffe de mission. Une visite qu’elle a organisée dans le cadre de l’opération « Les Elles de l’océan », porté par le Cluster maritime français.
        Car au Shom aussi, les femmes se font encore trop rares. “Elles ne représentent à ce jour qu'environ un tiers de nos effectifs. C’est notamment dû au fait qu’un tiers de notre personnel est militaire et donc historiquement majoritairement masculin. Mais les choses vont dans le bon sens, car aujourd’hui les recrutements dans l’armée tendent vers la parité, et les écoles d’ingénieurs forment désormais 30% de jeunes femmes”, analyse-t-elle. “Il faut vraiment leur donner l’envie d’oser se lancer dans nos filières, car c’est passionnant de travailler sur la connaissance de l’océan pour répondre à des enjeux aussi cruciaux que la protection de l’environnement, le réchauffement climatique ou encore les énergies marines renouvelables”, insiste Bénédicte Ezvan-André qui sera également présente lors de la Sea Tech Week® fin septembre à Brest pour présenter le travail du Shom.

        “Les femmes osent désormais prendre le leadership”

        Elle y croisera probablement France Floc’h, enseignante-chercheuse à l’Université de Bretagne Occidentale et responsable pédagogique du parcours de licence hydrographie. Une licence justement créée il y a cinq ans en partenariat avec le Shom, et qui fait quant à elle le plein d’étudiantes. “Nous formons chaque année 50% de femmes, et on est à peu près sur la même proportion à l’ENSTA Bretagne, qui propose une formation de technicien en hydrographie, quand on n’était encore qu’à 25% de femmes il y a une dizaine d’années”, se félicite ainsi l’enseignante-chercheuse. Car les bénéfices de la parité se font aujourd’hui sentir.
        “D’une façon générale, les femmes arrivent avec une idée précise de ce qu’elles veulent faire, elles apportent de nouvelles approches, et elles s’investissent à 100% pour s’insérer dans ces métiers qu’on considérait il y a peu comme exclusivement masculins. Je suis ravie de voir qu’elles osent désormais prendre le leadership beaucoup plus facilement, car cela prouve que les mentalités ont considérablement évolué”, conclut-elle.

        (1)    Source : Observatoire Cap sur l’égalité professionnelle - Cluster maritime français - 2021